#ODD14
L'Institut Agro engagé pour la conservation et l’exploitation durable des écosystèmes marins et côtiers
Les écosystèmes aquatiques, fondamentaux pour la vie sur Terre, sont particulièrement menacés par le dérèglement climatique. De l’accès durable à l’eau potable à la disponibilité de la biodiversité marine, des secteurs entiers de l’économie reposent sur leur santé. L’ODD 14 vise à assurer leur pérennité, et idéalement leur extension, dans un contexte dans lequel ils ne cessent de se dégrader.
Unique école d'ingénieur formant aux sciences halieutiques et aquacoles en France depuis près de 60 ans, l’Institut Agro a développé une expertise considérable sur les écosystèmes aquatiques. Ses actions cherchent à faire avancer la production scientifique autour des questions de la vie aquatique, mais aussi à diffuser ces savoirs auprès des acteurs dont le périmètre d’activité concerne ces milieux.
Illustration nos contributions à l'ODD 14 au travers nos missions en 2023
1· En recherche et formation
- Un pôle thématique pour promouvoir la gestion durable des milieux aquatiques
- Des innovations au service d'une aquaculture durable
- Des actions pour maintenir et étendre les écosystèmes et leur biodiversité
- Le suivi de la santé des écosystèmes aquatiques
- Des formations sur les écosystèmes d’eau douce pour les communautés
- Des programmes de formation continue sur l'exploitation durable des océans
2· Avec et pour la société
- Notre expertise au service des territoires et des acteurs locaux
- Des activités de sensibilisation sur la surexploitation maritime
- Des événements promouvant la préservation des océans
3· Au quotidien sur nos campus
- Plan pour minimiser les altérations aux écosystèmes aquatiques
- Traitement des eaux usées respectueux de l'environnement
- Stratégie pour la gestion des bassins versants
- Plan pour limiter les déchets plastiques sur les campus
- Une alimentation produite de façon durable
Un pôle thématique pour promouvoir la gestion durable des milieux aquatiques
La pêche, l'aquaculture et d'autres activités liées aux milieux aquatiques prennent une part importante dans les formations et la recherche de l'Institut Agro. Le pôle Halieutique, mer et littoral de l’Institut Agro fédère les enseignants-chercheurs et les personnels des départements d'enseignement et de recherche, ainsi que les unités pédagogiques, impliquées dans les secteurs de la pêche, de l'aquaculture et des usages littoraux et maritimes. Créé avec la volonté de favoriser les approches transversales et pluridisciplinaires, le pôle regroupe des initiatives visant à produire et diffuser des savoirs autour des filières exploitant les ressources maritimes et les accompagne face aux défis socio-environnementaux, en soutenant la transition vers des pratiques durables et en promouvant l'excellence au service de la société.
L’Institut Agro développe des programmes vers de bonnes pratiques d’intendance aquatique au travers de son Pôle Halieutique, mer et littoral qui est impliqué dans 9 projets de recherche et porte 3 initiatives d'innovation et transfert, menées de façon conjointe avec des entreprises du secteur.
Parmi ces initiatives, figure le projet DEMERSTEM, coordonné par l’Institut Agro, qui s’est achevé en 2023 et illustre bien la volonté du pôle d'encourager des bonnes pratiques de pêche à travers la recherche.
Ce projet propose d'appliquer une approche écosystémique à la gestion des pêches en Afrique de l'Ouest. Soutenu par l’Union européenne, DEMERSTEM associe une dizaine d’organismes de recherche d’Europe et d’Afrique de l’Ouest afin d’élaborer des modèles de suivi des stocks de pêche pour évaluer et définir de bonnes pratiques en matière de pêche.
Organisé sous l’égide de la FAO, de la CEDEAO et de l’Union européenne, le meeting final qui s’est déroulé en avril 2023 à Abuja, au Nigéria, a permis de résumer et partager les avancées du projet, tout en dessinant les enjeux de la science halieutique en appui aux politiques publiques nationales et régionales sur la pêche.
Conduit dans un objectif d’échanges et de transferts des compétences, le projet a favorisé la montée en compétence de l’ensemble des partenaires pour mieux partager les données, les modèles et au final le travail d’évaluation de stock.
L’un des rapports présenté lors de ce meeting traitait de l’amélioration de la gouvernance régionale pour encourager les bonnes pratiques d’intendance aquatiques des pêches en Afrique de l’Ouest .
Des innovations pour des pratiques d'aquaculture durable
Mené de 2022 à 2023 par le pôle Halieutique, mer et littoral de l’Institut Agro, le projet INTEGRATE Extension vise à promouvoir le développement de l’Aquaculture Multi-Trophique Intégrée (AMTI), des systèmes innovants qui reposent sur la culture de multiples espèces appartenant à différents niveaux trophiques et interagissant sur un même site aquacole . Les résultats de cette étude sont particulièrement prometteurs. Ils démontrent que tout en bénéficiant des avantages du système AMTI, il est possible de concilier aquaculture et préservation de l’environnement.
Avec un investissement et une charge de travail supplémentaires négligeables, il permet de diversifier la production d'huîtres sur la côte atlantique tout en réduisant la charge de déchets dans le cadre de ces productions. Le projet est basé sur des expérimentations grâce à des fermes pilotes afin de mettre en valeur les bénéfices environnementaux tout en travaillant à faciliter l’implantation de cette aquaculture innovante. Ce projet est aussi l’occasion de dynamiser la coopération entre le monde de la recherche et celui de la filière industrielle aquacole tout en supportant le transfert technologique vers les professionnels et l’enseignement.
Implanté à Concarneau, le plateau aquacole de l’Institut Agro Rennes-Angers permet de mener les recherches. A travers ces installations, les équipes peuvent en effet reproduire en conditions expérimentales tout ou partie du cycle de vie d’espèces sauvages candidates à l’élevage aquacole.
Au-delà du projet INTEGRATE Extension, plusieurs projets de recherche et actions de formation ont été menées avec des entreprises en 2023.
Le plateau aquacole a ainsi accompagné la société finistérienne Algolesk dans le développement d’un système innovant de production en pleine mer permettant l’aquaculture de plusieurs espèces locales (projet Aloh Mer), ainsi que les deux entreprises d’ostréiculture, Grand Banc et Les Huîtres Legris, dans l’élaboration d’une nouvelle huître bretonne haut-de-gamme uniquement par l’amélioration de la zootechnie et du savoir-faire des éleveurs (projet B&B). Deux projets industriels innovants subventionnés par la Banque publique d’investissement et la Région Bretagne dans le cadre de sa politique de soutien à l’innovation et à la compétitivité des entreprises.
Des actions pour maintenir et étendre les écosystèmes et leur biodiversité
Mieux comprendre les espèces, les milieux, les services rendus par la biodiversité et les menaces qu'elle subit est essentiel pour protéger et préserver les écosystèmes.
L’unité mixte de recherche (UMR) "Dynamique et durabilité des écosystèmes : de la source à l’océan" (DECOD) est née du regroupement d’équipes de recherche d’INRAE, de l’Ifremer et de l'Institut Agro Rennes-Angers.
Elle a pour ambition de contribuer à produire des connaissances pour anticiper les changements liés aux différentes pressions exercées par les activités humaines sur la biodiversité aquatique continentale et marine.
Parmi les 40 projets de recherche de l'UMR DECOD de l’Institut Agro menés en 2023, le projet SAMARCH (SAlmonid MAnagement Round the CHannel) porté par le professeur Etienne Rivot de l'Institut Agro vise à protéger le saumon et la truite de mer dans les eaux de transition et côtières pour maintenir et étendre les écosystèmes existants et leur biodiversité.
En effet, de multiples perturbations de l’environnement sont à l’origine du déclin de l’abondance des populations de saumons Atlantique et de truites de mer d’environ 70 % depuis les années 1970, à l’échelle d’Atlantique nord. Pour comprendre les raisons de la baisse des taux de retour en mer, les chercheurs ont réalisé des études détaillées de la phase estuarienne et marine du cycle de vie des salmonidés.
La conférence finale à Southampton les 14 et 15 mars 2023 a permis de présenter les résultats et de montrer comment les preuves recueillies par le projet ont été utilisées pour développer des outils et informer la gestion et les orientations politiques pour mieux protéger les salmonidés dans les estuaires et les eaux côtières. Le projet a donné lieu à la publication de 17 articles scientifiques et plus de 200 étudiants ont bénéficié d'une formation.
Les écosystèmes côtiers et estuariens sont sujets à des pressions locales (activités portuaires, dragages, aménagements, contaminations chimiques) et globales (diminution des débits fluviaux pourvoyeurs de nutriments, augmentation de la température et du niveau des eaux). Les fonctions écologiques peuvent en être affectées, particulièrement le renouvellement des populations marines à travers la fonction de nourricerie de ces zones. La question se pose ainsi pour les nourriceries du golfe de Gascogne et plus particulièrement pour l’estuaire de la Loire, au centre du projet. Démarré en 2021 et actif en 2023, le projet Biotrol porté Hervé le Bris, enseignant-chercheur à l’Institut Agro, poursuit un double objectif :
- Apprécier, sur une trentaine d’années, comment la biodiversité et la capacité d’accueil trophique de l’estuaire de la Loire ont évolué dans ses différents secteurs de l’amont au marin.
- Elaborer des recommandations nécessaires à la préservation du rôle de cet écosystème dans le renouvellement des ressources halieutiques du golfe de Gascogne.
Autre projet de l’UMR DECOD, Fishness, financé par l’ANR et coordonné par Bastien Sadoul, enseignant-chercheur de l’Institut Agro, utilise des outils d’expérimentation, de biologie, de génomique et de modélisation sur une espèce d’intérêt halieutique et aquacole, le bar européen. Le projet vise à étudier, caractériser et estimer la robustesse individuelle perçue comme un déterminant majeur de la vulnérabilité des populations et de la durabilité de l’aquaculture dans contexte de changements globaux.
Le suivi de la santé des écosystèmes aquatiques
Par l’expertise qu’elles et ils développent, de nombreux enseignants-chercheurs de l’Institut Agro sont amenés à contribuer à des initiatives gouvernementales et non gouvernementales. Autour de questions comme le suivi de la santé des écosystèmes aquatiques, leur participation est précieuse, puisque c’est dans ces instances et organisations qu’un travail régulier de protection des écosystèmes peut se déployer.
Au plan national, l’Institut Agro participe activement en 2023 au projet de cartographie nationale des milieux humides financé par le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Conduit en partenariat entre PatriNat, l’Université Rennes 2, l’Institut Agro, INRAE et la Tour du Valat, le projet consistant à prélocaliser les zones et les milieux humides sur le territoire métropolitain a permis d’établir une carte de probabilité de présence des milieux humides en tout point du territoire.
Ces résultats fournissent une connaissance partagée pour contribuer à mieux préserver les milieux humides.
Labellisé JMZH 2023 (Journée mondiale des zones humides), le colloque de restitution a été organisé le 16 févier 2023. Réunissant l’ensemble des acteurs techniques et scientifiques intéressés par l’acquisition de nouvelles connaissances sur les milieux humides et par les actions en faveur de leur préservation, ce colloque a permis de présenter les méthodes mobilisées et les résultats obtenus puis d’échanger sur les appropriations possibles par les acteurs sur les territoires.
Plusieurs enseignants-chercheurs de l'Institut Agro collaborent par ailleurs avec des organisations nationales pour effectuer un suivi de la santé des écosystèmes aquatiques. A titre d’exemple :
Déjà membre et invité permanent du Conseil scientifique de l'Ifremer, Didier Gascuel, enseignant-chercheur en écologie halieutique, est membre du Comité de l’environnement polaire qui surveille l'impact des activités humaines dans les zones polaires et subantarctiques suite à un arrêté du 12 avril 2023 (Conseil scientifique des TAAF). Il siège également au Conseil scientifique de la Plateforme Océan climat.
Également enseignant-chercheur en écologie halieutique, Olivier Le Pape siège au Conseil scientifique de l’Office Français de la Biodiversité qui a pour missions la surveillance, la préservation, la gestion et la restauration de la biodiversité terrestre, aquatique et marine, ainsi que la gestion équilibrée et durable de l'eau.
Des formations sur les écosystèmes d’eau douce pour les communautés
Les enjeux liés à la gestion de la ressource en eau ne cessent de croître en importance au plan mondial sous le double effet de la croissance démographique, de l’accroissement du niveau de vie et de l’augmentation des besoins par habitant. Ils sont particulièrement cruciaux dans les milieux ruraux, qui sont à la fois producteurs d’une grande partie des ressources du fait de leur étendue et consommateurs du fait des besoins de l’agriculture et de l’irrigation (près de 70 % des prélèvements en eau à travers le monde).
La gestion optimale des écosystèmes d’eau douce dans ces milieux aux plans quantitatif et qualitatif est donc une condition essentielle, non seulement pour le développement durable des activités agricoles, mais aussi pour garantir l’accès à l’eau de tous les autres secteurs (industriels, urbains,..) et prévenir les conflits d’usage, potentiels ou déjà réels, à travers le monde. Pour répondre à ce défi majeur, l'Institut Agro déploie des activités de recherche et formation autour de ces sujets.
L’Institut Agro a développé une expertise sur l’eau et la gestion de l’eau : il forme, au travers du parcours Eau et agriculture du Master Sciences de l’Eau, des spécialistes sur les enjeux de l’eau pour la production agricole et la gestion des paysages cultivés. Chaque année, une vingtaine d’experts sont formés à la gestion quantitative de l’eau verte comme à la gestion de la qualité de l’eau dans les bassins ressources cultivés.
Anticiper pour mieux planifier : quelle demande en eau pour quelle agriculture demain ?
L’Institut Agro, via sa chaire partenariale Eau, Agriculture et Changement climatique, a organisé le 28 septembre 2023 avec le Réseau « Systèmes agricoles et Eau » et le pôle AquaValley, un colloque national ouvert à tous (communautés locales et nationale) autour des écosystème d’eau douce.
Ce colloque a permis de proposer des programmes éducatifs à plus de 350 participants, professionnels des secteurs de l’eau et de l’agriculture, scientifiques et étudiants . L’évaluation de la performance de l’irrigation et des marges de manœuvre pour optimiser la gestion de l'eau et son impact sur l'écosystème d’eau douce étaient au cœur des échanges afin d’aider les territoires à adapter les ressources en eau à leur production agricole .
Le 14 février 2023, les étudiants en science de l'eau de l'Institut Agro Montpellier ont organisé une table ronde "Des retenues d’eau pour l'agriculture dans le contexte languedocien ?" animée par Gilles Belaud, professeur à l’Institut Agro Montpellier, directeur-adjoint de l'UMR G-EAU et coordinateur scientifique de la chaire Eau, Agriculture et Changement Climatique. Ouverte à la communauté locale, cette table ronde a réuni :
- Philippe Boisson, agriculteur, président de la coopérative agricole « Origine Cévennes »
- Michel Garcia, agriculteur, élu à Villeveyrac et vice-président Sète-Agglopôle, président de la Commission Locale de l’Eau du SAGE Thau-Ingril
- Marielle Montginoul, chercheuse économiste INRAE, UMR G-EAU (Gestion de l’Eau, Acteurs, Usages), présidente du conseil scientifique de l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée & Corse
- Simon Popy, président de la fédération France Nature Environnement Languedoc-Roussillon
Le sujet de l'adaptation de la gestion de l'irrigation des cultures dans le Languedoc soumis au changement climatique méditerranéen a animé le débat autour des questions de la préservation de l'écosystème notamment.
Des programmes de formation continue sur l'exploitation durable des océans
Les secteurs de la pêche et de l’aquaculture font face à des défis nouveaux, qui impliquent de profondes mutations. Il faut dans le même temps répondre aux enjeux de conservation de la biodiversité, d’atténuation et d’adaptation au dérèglement climatique, de sécurité et santé alimentaires.
À l'heure où la formation tout au long de la vie constitue un droit pour les salariés et un facteur clé d’évolution pour les organisations, l'Institut Agro fait bénéficier un large public de son savoir-faire en matière de formation, de l’expertise de ses 300 enseignants-chercheurs et de la performance de ses équipements scientifiques. Les professionnels des secteurs de la pêche et l'aquaculture peuvent ainsi bénéficier de sessions de formation continue.
Conçu, écrit et produit par le pôle Halieutique, mer et littoral de l’Institut Agro, le MOOC "Durabilité des pêches et de l’aquaculture : des écosystèmes à l’assiette" forme gratuitement tout public sur la gestion durable de la pêche. Il a été joué pour la 1re fois du 18 septembre 2022 au 18 novembre 2023, et suivi par 1 200 participants.
Ce MOOC a pour objectif de former le grand public sur les enjeux et les défis des secteurs de la pêche et l’aquaculture, et plus particulièrement les acteurs professionnels qui accompagneront les transitions en cours.
Notre expertise au service des territoires et des acteurs locaux
Des enseignants-chercheurs de l'Institut Agro ont développé courant 2023 en Bretagne un dispositif pilote au service des professionels aquacoles locaux. Il s'agit d'une structure d'appui qui permet de faciliter le parcours des nouveaux producteurs locaux, en les conseillant dans leurs démarches et leurs relations avec les autres acteurs du secteur. L'un des objectifs est de favoriser la pérennité d'initiatives aquacoles respectueuses de l'environnement marin. Ce travail a permis d’élaborer un guide d'aide à l'installation en aquaculture à destination des producteurs diffusé dans toute la région depuis 2023.
Pour mesurer l'importance du projet, précisions que les productions aquacoles font partie des activités essentielles en Bretagne et que leur importance confère à cette région un rôle majeur au niveau national : 1re région de production ostréicole, mytilicole et algocole et 3e région de production piscicole.
Le projet a été soutenu par le Fonds européen pour les affaires maritimes, la pêche et l’aquaculture (FEAMPA) à travers le DLAL (Développement local par les acteurs locaux), une structure qui finance et met en relation les parties prenantes locales pour la réalisation de projets autour de la pêche et l'aquaculture, tout en veillant à ce que ces activités soient compatibles avec l'environnement et le maintien d’écosystèmes aquatiques partagés. Le projet a réuni plus d’une vingtaine de partenaires locaux autour de l'Institut Agro Rennes-Angers parmi lesquels les comités régionaux et départementaux de la conchyliculture, des pêches et des élevages marins, des syndicats, fédérations et comités interprofessionnels, la chambre régionale d’agriculture, des collectivités, technopoles et services déconcentrés de l’État.
Activités de sensibilisation sur la surexploitation maritime
Le pôle Halieutique, mer et littoral de l’Institut Agro a pour ambition de contribuer à la dynamique des filières halieutiques et aquacoles.
Le programme des Nations Unies pour l’Environnement (UNEP) a alerté en 2010 sur le fait que les ressources marines se seront effondrées d’ici 2050 si la gestion des stocks halieutiques mondiaux n’est pas radicalement réformée. Les projections réalisées par l’OCDE et le GIEC utilisent elles aussi l’année 2050 comme une charnière fatale qui peut voir un décrochage dangereux des grands équilibres de la planète.
Dans le cadre du programme partenarial TRANSIPÊCHE, porté par le pôle Halieutique, mer et littoral de l'Institut Agro, le rapport sur les performances des flottilles de pêche françaises publié en 2023 présente les modalités du changement de pratiques des acteurs de la pêche professionnelle. Sur la base de constats partagés et des différents scénarios identifiés, il a permis de proposer une feuille de route concrète pour la transition des pêches impactantes vers des pratiques de pêche "écosystémiques", compatibles avec la préservation de la biodiversité marine et avec le maintien d’une pêche au service des sociétés humaines et des territoires côtiers.
En 2023, l’Institut Agro a participé, via son pôle Halieutique, mer et littoral, à la réalisation puis diffusion du premier bilan de la performance écologique, économique et sociale des pêches françaises : "Changer de cap" afin de sensibiliser toutes les communautés sur la surexploitation marine.
Ce bilan a pu être établi suite aux travaux d’un groupement de recherche pluridisciplinaire et partenariale sur la transition sociale-écologique des pêches, auquel quatre chercheurs de l’Institut Agro ont pris part (Didier Gascuel, Florian Quemper, Quentin Le Bras et Romain Mouillard). Ce groupement de recherche a été initié par l’association BLOOM en collaboration avec The Shift Project et ses travaux ont donné lieu à la publication de ce premier bilan de la performance, écologique, économique et sociale des pêches françaises.
« Les scientifiques ont développé une méthodologie innovante pour établir une évaluation inédite du secteur de la pêche en France métropolitaine. Leur étude se base sur le calcul de dix grands indicateurs clés, qui mesurent l’empreinte écologique et la performance économique et sociale de chacune des flottilles de pêche opérant sur la façade atlantique. L’étude dresse ainsi le premier état de santé pluridisciplinaire fiable pour 70% des pêches métropolitaines ».
Extrait de "Changer de cap - Pour une transition sociale-écologique des pêches"
Au travers son cycle de webinaires « Halieutique et société », le pôle Halieutique, mer et littoral de l’Institut Agro entend aussi contribuer à la réflexion sur l’avenir du secteur, à l’identification et à la promotion de pratiques nouvelles, et à la transition des filières vers des modes de production et de gestion plus durable.
Le 19 janvier 2023, le 3e opus était intitulé : "Est-il encore raisonnable de manger du poisson ?". Réunissant 200 personnes, il a permis d’explorer des solutions durables et des alternatives afin de réduire les impacts de la consommation de produits de la mer. Celle-ci soulève des enjeux environnementaux et éthiques, similaires à ceux des produits animaux : essentielles à la sécurité alimentaire, pêche et aquaculture posent aussi des défis écologiques.
Régulièrement sollicités, les enseignants-chercheurs de l’Institut Agro jouent avec conviction et pédagogie leur rôle de passeur de sciences.
En février 2023, Didier Gascuel répondait ainsi aux questions d'un journaliste de GreenLetter Club, média dédié à l'écologie et suivi par 48 000 abonnés. Le thème de l'interview vue par 9 000 internautes : "Surpêche : une mer sans poissons ?" amène Didier Gascuel à expliquer comment les moteurs diesels, chaluts industriel ou sonars derniers cris ainsi que l’industrialisation des techniques ont, en moins d’un siècle, permis à l’Homme de pêcher des quantités astronomiques de poissons. D’où cette question : sommes-nous en train de vider les océans ?
Événements promouvant la préservation des océans
Le secteur aquacole est en plein développement et doit faire face à de nombreux défis, notamment pour renforcer son aspect durable, respectueux de l’environnement, tout en restant compétitif. L’aquaculture doit notamment s’adapter et modifier certaines de ses pratiques concernant l’alimentation des poissons élevés. En effet, la farine et l'huile issues de poissons pêchés en haute mer constituent aujourd’hui l’aliment principal pour l’élevage des poissons piscivores que nous consommons en Europe. Ceci représente l'une des principales critiques de la société envers la pisciculture.
Le 19 septembre 2023, le pôle Halieutique, mer et littoral de l’Institut Agro a proposé en libre accès un webinaire "Comment nourrir l'aquaculture ?" afin de discuter des perspectives d'évolution de la filière, en envisageant notamment des alternatives à la farine et à l'huile de poisson et une transition vers des espèces herbivores.
Invité pour une conférence grand public à Océanopolis le 21 novembre 2023, le même Didier Gascuel y a présenté le concept d’agroécologie de la mer qu’il développe dans son ouvrage “La pêchécologie, manifeste pour une pêche vraiment durable”. Partant du constat que la pêche maritime est considérée par les instances internationales comme la première cause d'érosion de la biodiversité marine, l’enseignant-chercheur de l’Institut Agro montre qu’il est possible d'inventer une nouvelle forme de pêche permettant de réconcilier la conservation de la biodiversité et l'exploitation durable des ressources vivantes de la mer
Plan pour minimiser les altérations aux écosystèmes aquatiques
Après la labellisation du campus d’Angers en 2022, le campus de Florac de l’Institut Agro a également obtenu le label EcoJardin en mars 2023 pour disposer d’un plan de minimisation des altérations aux écosystèmes aquatiques notamment.
Ce label reconnaît l’engagement des gestionnaires d’espaces verts dans une démarche globale de gestion écologique (structure du site, sol, eau, faune & flore, matériaux, matériels, formations, …). Le référentiel d’évaluation comporte 7 domaines relevant de la gestion d’un espace vert dont "Faune & Flore".
L’obtention du label certifie que les campus mettent en place des actions pour protéger les écosystèmes qui existent sur leur site, ainsi que leur biodiversité.
La mare située sur le campus d'Angers est un exemple d'écosystème aquatique dans lequel l'Institut Agro s'efforce de minimiser toute altération biologique. Cette mare évolue librement, sans intervention humaine. Des grenouilles et d'autres espèces aquatiques y vivent pendant une partie de l'année (lire ci-dessous).
Stratégie pour la gestion des bassins versants
L’Institut Agro Rennes-Angers a mis en place courant 2023 une stratégie d’aménagement du bassin de l'école de son campus angevin.
L’objectif de ce projet étudiant était de réaménager le bassin afin d'y accueillir des grenouilles vertes, mais avant tout de déterminer un espace adéquat à la création de cette mare sur le campus, par l’analyse des trames bleues et vertes. Conçue à but pédagogique, cette mare-étape permet de lier les différents habitats et de renforcer le lien avec un étang à proximité.
Les observations ainsi que l'analyse d'études réalisées ont permis d'établir des propriétés favorables à l'installation de grenouilles. Elles ont permis de valider la possibilité d'un aménagement du bassin de l'école pour le rendre plus durable en tant qu'habitat pour grenouilles. A l'aide des relevés, les étudiants ont pu convenir de l'emplacement idéal de mares-étapes.
Traitement des eaux usées respectueux de l'environnement
Pour réduire la pollution marine de toute sorte, l’Institut Agro respecte les normes issues de la directive européenne 91/271/CEE relative au traitement des eaux résiduaires urbaines (DERU) qui encadrent les rejets.
Toutes les eaux usées des campus de l'Institut Agro sont traitées dans des stations d'épuration urbaines, gérées par les agglomérations locales.
- Sur le campus de Dijon, l’Institut Agro respecte les lignes directrices de la Charte de l’eau signée par la Métropole de Dijon le 22 mars 2023 lors de la journée mondiale de l’eau. La métropole envisage de mettre les eaux pluviales et eaux traitées des rejets urbains à disposition des acteurs qui le souhaitent afin de contribuer à la préservation des ressources souterraines. Elle mène également des études dans le but d’améliorer ses connaissances quant à ses ressources en eau et les pressions associées.
- Rennes Métropole a mis en place des normes strictes pour la gestion des rejets d’eau afin de protéger les écosystèmes, la faune, et la santé humaine. La stratégie inclut un dispositif ERC (Éviter, Réduire, Compenser) pour minimiser l'impact des projets sur l'environnement et améliorer la qualité des cours d'eau. Les actions visent également à réduire les intrants agricoles, à restaurer la biodiversité par la création d'aménagements écologiques, et à améliorer la gestion des eaux usées pour atteindre un bon état écologique. Par les recherches menées au sein de l’UMR BAGAP (Biodiversité, Agroécologie et Aménagement du Paysage), l’Institut Agro contribue à la mise en œuvre de la politique de gestion de l’eau et de protection des écosystèmes à Rennes Métropole.
- A Montpellier, les eaux usées du campus de La Gaillarde sont collectées et acheminées vers la station d'épuration de Maera pour y être traitées avant d’être rejetées dans le milieu naturel et de rejoindre le cycle de l’eau.
Un plan pour limiter les déchets plastiques sur les campus
La première victime de la pollution plastique est la biodiversité marine. Plus d’1,5 million d’animaux marins meurent chaque année à cause de la pollution plastique, dont 100 000 mammifères marins. La pollution plastique détruit également les habitats et impacte toute la chaîne alimentaire du plancton aux grands prédateurs.
Dans l’axe 5 du projet stratégique de l’Institut Agro intitulé "Établissement exemplaire et responsable : une organisation innovante au service de notre raison d’être" l’action EER6 (page 37) prévoit de définir une politique à impact positif en matière de durabilité environnementale sur les campus. Outre la certification commerce équitable des trois écoles, ceci inclut la réduction de l’émission de gaz à effet de serre, la réalisation du bilan carbone, la sobriété dans l’utilisation d’énergie et d’eau, la protection de la biodiversité et le recyclage sur nos campus, dans nos déplacements et dans nos actions partenariales.
Agissant pour une consommation et une production responsables (ODD 12), l’Institut Agro conduit une politique de gestion des déchets dans un soucis constant pour l'environnement.
Il a réaffirmé cet engagement en inscrivant cette politique dans son plan d’adaptation et de sobriété.
Afin de réduire les déchets plastiques sur ses campus, l’Institut Agro multiplie les actions de formation et de sensibilisation de ses personnels et étudiants. Ainsi, les écoles prennent part chaque année à la Semaine européenne de la réduction des déchets. Depuis plusieurs années, un grand nombre d’actions sur les campus de l’Institut Agro sont en cours pour réduire la quantité de déchets plastique et autres déchets(lutte contre le gaspillage alimentaire, réduction de l’utilisation de produits jetables, mise en place de ressourcerie pour une réutilisation, don de matériel, éco-pâturage…) et pour améliorer le tri (tri à la source et revalorisation, compostage…).
En 2023, les trois écoles de L’Institut Agro respectent l’obligation de tri à la source (entre 75 et 100 %) en distinguant 8 flux : papier/carton, métal, plastique, verre, bois, textile et, pour les travaux de construction-démolition entrepris par l’État, les déchets de fraction minérale et déchets de plâtre.
Dans chacune des écoles, en lien avec leur plan de formation et de développement des compétences, sont par ailleurs proposées au personnel, par la direction des ressources humaines, des formations pour appréhender les enjeux relatifs aux transitions et généraliser son appropriation par tous, dont des formations régulières au tri des déchets et au compostage.
Une alimentation produite de façon durable
L'Institut Agro a mis en place une politique pour une alimentation durable, locale, saine et abordable qui s'applique aux agents et étudiants de tous ses campus. Cette politique est définie dans l'objectif 4.2 de l'Axe 4 "Gestion de l'environnement" du Schéma directeur DD&RSE de l'Institut Agro adopté par le Conseil d’administration en novembre 2023, qui précise :
Promouvoir une alimentation responsable accessible au plus grand nombre, sur l’ensemble de la chaîne de valeur " du champ à l’assiette ", objectif en lien avec la raison d’être de l’établissement : « Former, sur des bases scientifiques, les nouvelles générations de cadres et d’acteurs, inventer et innover pour transformer les systèmes agricoles et alimentaires et contribuer à mieux nourrir le monde en agissant avec et pour le vivant ».
L’objectif est aussi d’améliorer l’offre de restauration avec des prestataires qui proposent notamment du poisson frais et des produits de la pêche durable, mais aussi un repas végétarien quotidien, des viandes issues d'une production respectueuse, un légume frais cuisiné quotidiennement, fruits et crudités issus de produits frais, achetés localement avec une saisonnalité strictement respectée et du café et du thé biologiques et équitables dans les cafétérias.